Je m’étais engagé : raconter l’histoire du matelassier Le Briand et sa maison fondée en 1880. Ce faisant, il fallait incidemment raconter ma propre histoire à la tête de l’atelier, les évolutions du métier, des habitudes…
Au départ j’avais diffusé une photo tirée de mes archives sur la page Facebook de La Fabrique de l’Histoire. Quand je dis archive, je parle d’une accumulation hétéroclite faite au petit bonheur la chance : je n’ai pas l’esprit du collectionneur.
Mais ça avait été tellement gentiment accueilli par les autres membres du groupe que je m’étais pris au jeu. Lorsque j’appris que l’émission avait débuté sur France Culture au moment même ou je me mettais sur les rangs pour la reprise de l’entreprise, j’avais été troublé par la coïncidence. Et en repensant aux feuilletons avec lesquels Monsieur Laurentin avait régulièrement émaillés son émission, je décidais modestement de faire le mien, ici même.
Alors je commence… et je ne sais pas par où! Où plutôt je ne sais pas par quand. Car si au mois de septembre 1999 il y a bien eu coïncidence, je dois bien admettre que me concernant, ce n’est pas le vrai début : il existe un avant, impossible de faire l’impasse.
Et avant cet avant, il y a encore un préambule, qui lui-même précède de peu… Fichtre, si je commence à dérouler l’écheveau, je vais devoir évoquer le mariage de mes parents, les morts de la grande guerre, la conversion de Constantin… Adam et Eve… Bigre, c’est bien plus difficile que je ne l’imaginais de ce prétendre historien !
Alors même que j’ai sous la main le meilleur témoin que l’on ne puisse imaginer, moi-même, alors que je ne prétends à guère plus qu’une simple autobiographie d’entreprise, me voilà pris au piège : un sujet bien plus vaste qu’en première estimation, des jalons pour le moins incertains.
Que faire alors ? Se jeter à l’eau, trancher dans le vif : cette histoire commencera en 1998 par un licenciement. Voilà !
