Matelassier du faubourg : Épisode 2

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Auteur : Les Matelassiers Le Briand

Le chômage, tout le monde imagine à peu près. Quand à ceux qui l’auront réellement expérimenté… Pourtant, faire bien comprendre dans quelle mouise j’étais exige de ma part quelques éclaircissements.

entreprise de matelassier à Paris

Dès la fin 1997, et sans que je le sache, mon sort était scellé… Mince, déjà j’emplafonne mon horizon du début. Je vais tenter d’aller au plus court.

Privé d’emploi, certes, j’avais surtout perdu toute capacité à en retrouver un nouveau dans la continuité de ma carrière. Changer était plus que nécessaire. Simple inflexion de parcours ou bouleversement radical, à priori, j’avais à portée de main une multitude de choix possibles.

Mais imaginer concrètement quelque chose de suffisamment motivant pour me guérir de mes blessures, sans pour autant me déclasser, trouver l’énergie et la volonté de s’y engager, tout ça s’avérait bien plus délicat.

Je m’enfonçais petit à petit dans une impasse. La vie de père au foyer que j’avais dû mener durant ces longs mois d’inactivité n’était guère épanouissante, et insensiblement, elle aggrava mon désarroi.

Aussi quand mon frère me demanda de lui donner la main pour son futur chantier. Malgré mon peu de goût pour les travaux de maçonnerie, de plâtrerie ou de plomberie, je me précipitais.

Le père de sa petite amie, leur offrait un local, une jolie surface d’atelier à transformer de fond en comble pour en faire un vrai appartement. Cet homme arrivait largement à l’heure de la retraite, mais aucun repreneur pour son entreprise de matelassier ne c’était manifesté sérieusement.

Propriétaire de l’immeuble, il avait engagé un mouvement de démantèlement de l’entreprise de matelassier pour arriver, à terme, à sa pure et simple fermeture.

Avant ce cadeau fait à mon frère et à sa « fiancée », l’atelier fonctionnait sur deux niveaux:

  • rez-de-chaussée
  • un premier étage

Il avait donc fallu tout d’abord transféré la totalité des activités sur le sous-sol et le rez-de-chaussée. Ensuite, seulement, mon frère et moi avons-nous pu jouer du parquet, du BA13, du plâtre…

Entre le Paris que j’avais connu enfant et celui ou je vivais adulte, il y avait un gouffre particulièrement flagrant dans ce quartier du faubourg Saint-Antoine.

Alors que dix plus tôt, la moindre cour était une ruche grouillante d’artisan, la déconfiture du tissu économique déjà installée depuis l’après guerre s’accélérait encore.

C’est qu’un projet de restaurant « branché » est d’un potentiel de rentabilité autrement plus prometteur que la continuité d’un vieil atelier de vernisseur, la logique du temps l’emportait toujours.

Tandis que nous charrions nos matériaux, tapions, cassions, percions, tirant une rallonge supplémentaire, empruntant le grand escabeau ou un quelconque outil, les occasions de contact avec l’atelier de matelassier en pleine activité étaient si quotidiennes, que petit à petit j’en devins un familier.

Un jour, tout de même le paradoxe de cette entreprise de matelassier rentable qui turbinait à plein régime et sa disparition programmée m’apparut dans toute son absurdité.

Au bout de la route, les employés n’avaient d’autres perspectives que le chômage, tandis que le patron engrangerait la perte sèche de tout son capital.

Alors, l’idée germa sans que je puisse dire ni quand ni comment : et si je faisais quelque chose pour empêcher ça ! Oui pourquoi pas, c’était une voie de sortie tout à fait honorable, après tout.

Les autres épisodes du feuilleton

    Le chômage, tout le monde imagine à peu près. Quand à ceux qui l’auront réellement expérimenté… Pourtant, faire bien comprendre dans quelle mouise j’étais exige de ma part quelques éclaircissements.

    entreprise de matelassier à Paris

    Dès la fin 1997, et sans que je le sache, mon sort était scellé… Mince, déjà j’emplafonne mon horizon du début. Je vais tenter d’aller au plus court.

    Privé d’emploi, certes, j’avais surtout perdu toute capacité à en retrouver un nouveau dans la continuité de ma carrière. Changer était plus que nécessaire. Simple inflexion de parcours ou bouleversement radical, à priori, j’avais à portée de main une multitude de choix possibles.

    Mais imaginer concrètement quelque chose de suffisamment motivant pour me guérir de mes blessures, sans pour autant me déclasser, trouver l’énergie et la volonté de s’y engager, tout ça s’avérait bien plus délicat.

    Je m’enfonçais petit à petit dans une impasse. La vie de père au foyer que j’avais dû mener durant ces longs mois d’inactivité n’était guère épanouissante, et insensiblement, elle aggrava mon désarroi.

    Aussi quand mon frère me demanda de lui donner la main pour son futur chantier. Malgré mon peu de goût pour les travaux de maçonnerie, de plâtrerie ou de plomberie, je me précipitais.

    Le père de sa petite amie, leur offrait un local, une jolie surface d’atelier à transformer de fond en comble pour en faire un vrai appartement. Cet homme arrivait largement à l’heure de la retraite, mais aucun repreneur pour son entreprise de matelassier ne c’était manifesté sérieusement.

    Propriétaire de l’immeuble, il avait engagé un mouvement de démantèlement de l’entreprise de matelassier pour arriver, à terme, à sa pure et simple fermeture.

    Avant ce cadeau fait à mon frère et à sa « fiancée », l’atelier fonctionnait sur deux niveaux:

    • rez-de-chaussée
    • un premier étage

    Il avait donc fallu tout d’abord transféré la totalité des activités sur le sous-sol et le rez-de-chaussée. Ensuite, seulement, mon frère et moi avons-nous pu jouer du parquet, du BA13, du plâtre…

    Entre le Paris que j’avais connu enfant et celui ou je vivais adulte, il y avait un gouffre particulièrement flagrant dans ce quartier du faubourg Saint-Antoine.

    Alors que dix plus tôt, la moindre cour était une ruche grouillante d’artisan, la déconfiture du tissu économique déjà installée depuis l’après guerre s’accélérait encore.

    C’est qu’un projet de restaurant « branché » est d’un potentiel de rentabilité autrement plus prometteur que la continuité d’un vieil atelier de vernisseur, la logique du temps l’emportait toujours.

    Tandis que nous charrions nos matériaux, tapions, cassions, percions, tirant une rallonge supplémentaire, empruntant le grand escabeau ou un quelconque outil, les occasions de contact avec l’atelier de matelassier en pleine activité étaient si quotidiennes, que petit à petit j’en devins un familier.

    Un jour, tout de même le paradoxe de cette entreprise de matelassier rentable qui turbinait à plein régime et sa disparition programmée m’apparut dans toute son absurdité.

    Au bout de la route, les employés n’avaient d’autres perspectives que le chômage, tandis que le patron engrangerait la perte sèche de tout son capital.

    Alors, l’idée germa sans que je puisse dire ni quand ni comment : et si je faisais quelque chose pour empêcher ça ! Oui pourquoi pas, c’était une voie de sortie tout à fait honorable, après tout.

    Les autres épisodes du feuilleton

      Le chômage, tout le monde imagine à peu près. Quand à ceux qui l’auront réellement expérimenté… Pourtant, faire bien comprendre dans quelle mouise j’étais exige de ma part quelques éclaircissements.

      entreprise de matelassier à Paris

      Dès la fin 1997, et sans que je le sache, mon sort était scellé… Mince, déjà j’emplafonne mon horizon du début. Je vais tenter d’aller au plus court.

      Privé d’emploi, certes, j’avais surtout perdu toute capacité à en retrouver un nouveau dans la continuité de ma carrière. Changer était plus que nécessaire. Simple inflexion de parcours ou bouleversement radical, à priori, j’avais à portée de main une multitude de choix possibles.

      Mais imaginer concrètement quelque chose de suffisamment motivant pour me guérir de mes blessures, sans pour autant me déclasser, trouver l’énergie et la volonté de s’y engager, tout ça s’avérait bien plus délicat.

      Je m’enfonçais petit à petit dans une impasse. La vie de père au foyer que j’avais dû mener durant ces longs mois d’inactivité n’était guère épanouissante, et insensiblement, elle aggrava mon désarroi.

      Aussi quand mon frère me demanda de lui donner la main pour son futur chantier. Malgré mon peu de goût pour les travaux de maçonnerie, de plâtrerie ou de plomberie, je me précipitais.

      Le père de sa petite amie, leur offrait un local, une jolie surface d’atelier à transformer de fond en comble pour en faire un vrai appartement. Cet homme arrivait largement à l’heure de la retraite, mais aucun repreneur pour son entreprise de matelassier ne c’était manifesté sérieusement.

      Propriétaire de l’immeuble, il avait engagé un mouvement de démantèlement de l’entreprise de matelassier pour arriver, à terme, à sa pure et simple fermeture.

      Avant ce cadeau fait à mon frère et à sa « fiancée », l’atelier fonctionnait sur deux niveaux:

      • rez-de-chaussée
      • un premier étage

      Il avait donc fallu tout d’abord transféré la totalité des activités sur le sous-sol et le rez-de-chaussée. Ensuite, seulement, mon frère et moi avons-nous pu jouer du parquet, du BA13, du plâtre…

      Entre le Paris que j’avais connu enfant et celui ou je vivais adulte, il y avait un gouffre particulièrement flagrant dans ce quartier du faubourg Saint-Antoine.

      Alors que dix plus tôt, la moindre cour était une ruche grouillante d’artisan, la déconfiture du tissu économique déjà installée depuis l’après guerre s’accélérait encore.

      C’est qu’un projet de restaurant « branché » est d’un potentiel de rentabilité autrement plus prometteur que la continuité d’un vieil atelier de vernisseur, la logique du temps l’emportait toujours.

      Tandis que nous charrions nos matériaux, tapions, cassions, percions, tirant une rallonge supplémentaire, empruntant le grand escabeau ou un quelconque outil, les occasions de contact avec l’atelier de matelassier en pleine activité étaient si quotidiennes, que petit à petit j’en devins un familier.

      Un jour, tout de même le paradoxe de cette entreprise de matelassier rentable qui turbinait à plein régime et sa disparition programmée m’apparut dans toute son absurdité.

      Au bout de la route, les employés n’avaient d’autres perspectives que le chômage, tandis que le patron engrangerait la perte sèche de tout son capital.

      Alors, l’idée germa sans que je puisse dire ni quand ni comment : et si je faisais quelque chose pour empêcher ça ! Oui pourquoi pas, c’était une voie de sortie tout à fait honorable, après tout.

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